PBS 2017 : principaux enseignements
Le programme, orienté marché, a ouvert des axes de réflexion autour du bien-être du consommateur et de la notion de durabilité. Les marchés utilisateurs les plus actifs ont clairement illustré les bénéfices de la chimie du végétal :
Construction/coating : peinture à bénéfice santé, qualité de l’air, isolation, créativité grâce à de nouveaux matériaux…
Automobile : allègement des véhicules et réduction des GES via l’utilisation de produits biosourcés (revêtements intérieur et extérieur), valorisation de nouvelles matières et textures…
Cosmétique : aptitude à la biodégradabilité, importance de la naturalité pour le consommateur, matières durables et faciles à travailler donc économes en énergie (émulsion à froid…)
Détergence : aptitude à la biodégradabilité, formulation durable, efficacité…
Emballage : aptitude à la biodégradabilité et/ou recyclage, réduction de CO2, enjeux de consommation…
PBS 2017 a montré l’ampleur et le dynamisme de la communauté des acteurs de la chimie du végétal. La qualité des échanges sur les approches et expériences industrielles a permis d’identifier les valeurs ajoutées de la chimie du biosourcé, les tendances et les axes de croissance. Dans une démarche très pragmatique et en s’appuyant sur les développements des secteurs principaux marchés utilisateurs, les visiteurs avaient à leur portée toutes les solutions efficientes disponibles et à venir selon les besoins et attentes.
Concours Agrobiobase 2017… et le vainqueur est BIOSORB d’EcoTechnilin
Le concours Agrobiobase, lancé par le pôle IAR et sponsorisé par l‘ACDV, a mis en lumière les innovations biosourcées industrielles récentes ou en cours de réalisation. Parmi les 4 finalistes, EcoTechnilin s’est distingué avec BIOSORB, co-développé avec Pe@rl.
BIOSORB est un tapis filtrant composé d’écorces et de lin. Il repose sur les propriétés intrinsèques des écorces d’arbres de fixer différents polluants. Il a la capacité de concentrer les métaux lourds et les radionucléides présents dans les fluides avec un procédé d’une efficacité similaire à celle des résines échangeuses d’ions, mais bien plus simple à mettre en œuvre.
BIOSORB peut ainsi être utilisé à des fins de dépollution ou de récupération de métaux précieux, par des industriels, dans le secteur nucléaire, de la métallurgie ou de la chimie fine par exemple. En fin de vie, le biosorbant « chargé » est incinérable et présente donc une capacité de réduction des volumes de pollution inédits.
« Je suis très heureux de ce prix qui récompense un travail collaboratif de 6 ans, avec Pe@rl qui détient le brevet et Ecotechnilin qui a la maîtrise de la fabrication du BIOSORB. Nous nous sommes inspirés de la terre elle-même et avons développé, par mimétisme, ce bio absorbant, dont le coût est moins élévé que les solutions existantes. Recevoir ce prix est une réelle reconnaissance auprès de nos pairs et une belle opportunité de présenter BIOSORB à l’ensemble des professionnels des agro-solutions », Karim Behlouli, CEO, EcoTechnilin.
Les bioproduits des 4 finalistes ont été exposés sur le stand de l’IAR et soumis au vote des visiteurs sur la base de 3 critères : l’innovation, le pourcentage d’origine végétale et l’impact environnemental et socio-économique.
• L’AMIDOGRAF® de la Compagnie : agrafes à vigne
• BIOSORB co-développé par EcoTechnilin et Pe@rl : Tapis filtrant
• CALINOU de Salveco : gamme de soin et de nettoyants ménagers pour l’univers de bébé
• CONTACTICIEL™ de Seppic : Actif dermo-purifiant qui garde les propriétés naturelles de l’algue rouge
La maison du biosourcé de l’ACDV
Dès l’entrée de PBS, le stand de l’ACDV a plongé le visiteur dans la réalité de la chimie du végétal en mettant en scène ses nombreuses applications parmi les objets du quotidien.
Dans un décor d’habitat, l’ACDV a créé la « maison du biosourcé » en y exposant un échantillon d’objets biosourcés, très variés, qui intègrent, à notre insu, notre environnement : peintures à base d’algue, lunettes, chaussures de sport, chaussures de ski, sacs plastiques, sacs poubelle, produits cosmétiques, capsules de café, emballages, détergents, pneumatiques, couverts en plastique, stylos….
Livret d’exposition
Sur le stand de l’ACDV, deux ateliers animés par des adhérents ont apporté des exemples d’applications concrets dans le domaine de la peinture et de l’emballage.
Aux côtés de l’ACDV, 75 exposants ont présenté solutions et innovations favorisant le développement industriel et commercial des produits biosourcés à court terme.
A travers des cas concrets, la chimie du végétal a montré les fonctionnalités spécifiques qu’elle pouvait apporter aux différents marchés selon leur problématique : légèreté, éco-compatibilité, nouvelles propriétés, biodégradabilité, durabilité, design, performances écologiques, santé et sécurité…
Visites de sites industriels et centres de recherche emblématiques
Berceau de la chimie du végétal en France, la région Lilloise, avec ses entreprises emblématiques, est une vitrine que PBS a partagé avec ses visiteurs en organisant plusieurs visites de sites industriels et de centres de recherche.
ROQUETTE : Roquette Lestrem est la plus grande bioraffinerie en Europe et emploie plus de 3 000 personnes. Le site a une capacité d’environ 7 000 tonnes de céréales (maïs et blé) transformées par jour et commercialise plus de 700 produits. Le principal labo R&D du Groupe est également basé à Lestrem.
SAS PIVERT : A l’interface de la recherche académique et du monde industriel, l’Institut pour la Transition Energétique P.I.V.E.R.T. a pour finalité le développement d’une filière française compétitive dans le secteur de la chimie du végétal à base d’une matière première renouvelable prometteuse et compétitive : la biomasse d’origine oléagineuse.
IFMAS : L’Institut Français des Matériaux Agro-sources est un centre de recherche (site de 2 400 m², 6 laboratoires) proposant une large gamme de prestations à haute valeur ajoutée. L’objectif : améliorer les performances et les fonctionnalités des matériaux, dans une logique de recherche appliquée répondant aux besoins de différents secteurs d’activités.
Ecole centrale de Lille : L’école dispose d’un centre de recherche avec notamment REALCAT, une plateforme intégrée dédiée à la conception rapide et à la synthèse de catalyseurs homogènes, hétérogènes ou de biocatalyseurs pour les bioraffineries industrielles, ainsi que leur combinaison pour développer un nouveau type de catalyseurs.
Ecole Nationale Supérieure de Chimie : L’ENSC est multidisciplinaire en chimie. Les principaux projets de recherche portant sur les matériaux biosourcés et transformation de la biomasse seront présentés avec un accent particulier sur l’élaboration de la formulation et de polymères durables.
Note de synthèse du CESE : « Vers une bioéconomie durable »
Plant Based Summit est intervenu alors que le CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) venait de publier la note de synthèse de son rapport sur la bioéconomie durable. Sous réserve de respecter des critères de durabilité et d’intégrer les objectifs de préservation de la biodiversité et des sols supports de la production, le CESE y voit des opportunités très importantes :
Gain d’efficacité dans l’utilisation des ressources agricoles, la complémentarité des usages et la valorisation des déchets. Il induit la réduction du gaspillage et de nouveaux débouchés
Levier de développement local: localisation de l’activité industrielle offrant à l’agriculture des débouchés de proximité
Optimisation de l’usage des sols en respectant les critères de durabilité
Contribution à la revalorisation de certains territoires en voie de désertification ; gain d’autonomie pour certaines communautés
Potentiel pour la gestion et la valorisation des déchets (dont agricoles) des collectivités
Opportunités de substitution de certaines molécules fossiles
Le CESE préconise de rééquilibrer le dispositif d’incitations publiques en faveur des utilisations non énergétiques de biomasse, en particulier les biomatériaux. Il invite les pouvoirs publics à considérer le développement des bioraffineries comme une priorité (extrait de la note de synthèse du CESE).
Parole d’experts…
« PBS est un congrès industriel, un lieu de débat pour comprendre les différentes approches que prennent les acteurs et concrétiser l’innovation. La complémentarité des industriels est mise à l’honneur comme un levier de croissance et de bonne santé économique », François Monnet, Président de l’ACDV.
« Entre la demande des consommateurs, la prise de conscience des clients utilisateurs d’emballage et la pression réglementaire, l’écoconception est un écosystème qui s’alimente. Les problématiques environnementales requièrent une approche collaborative. En ce sens, Plant Based Summit est un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui souhaitent s’informer, benchmarker, comprendre et exploiter le marché en pleine expansion des matériaux d’origine végétale, véritable levier de croissance pour les entreprises », Héloïse Gouriten, Environment Manager for processing & packaging, TETRA PAK.
« La chimie du végétal et la bioéconomie en général s’inscrivent dans une tendance de fond et même si nous travaillons sur du long terme, leur essor est inexorable. La rapidité de développement et de déploiement dépendra de la volonté politique et de la demande du consommateur qui aujourd’hui manque d’information sur cette filière », Thierry Stadler, Vice-Président de l’ACDV) et président du pôle de compétitivité Industries et agroressources (IAR).
« La transition énergétique, les accords de Paris, le G20, donnent une dynamique mondiale qui devient une réalité. L’article 173 de la loi de transition énergétique instaure, pour la première fois, des obligations d’information pour les investisseurs institutionnels sur leur gestion des risques liés au climat, et plus largement l’intégration de paramètres environnementaux et sociaux dans leur politique d’investissement. Il y a 5 ans, on ne s’intéressait pas au climat. Aujourd’hui et dans les 5 prochaines années, le processus va s’accélérer car cette problématique est entre les mains des directions de la finance et n’est plus limitée au seul cadre du Développement Durable. Ce contexte assure un avenir prometteur à la chimie du végétal qui ouvre des perspectives fortes aux filières agricoles et forestières », Benoit Leguet, Managing Director Institute for Climate Economics.
« Dans le secteur de la construction, l’accès au marché des produits biosourcés est soumis aux nombreuses contraintes techniques et réglementaires. L’éventail des produits disponibles est large et leurs qualités intrinsèques prouvées », Florian Rollin, co-fondateur, KARIBATI.
« L’ADEME a commandité une Analyse du Cycle de Vie d’un panneau de porte automobile incorporant des fibres végétales. Une comparaison est faite entre les bénéfices et impacts environnementaux de ce panneau biosourcé et ceux d’un panneau pétrosourcé. L’objectif de cette étude est d’impulser une dynamique de développement des démarches d’éco-conception de ces produits et d’amélioration de la filière des produits biosourcés », Alice Gueudet, Ingénieure, ADEME.
« Deux facteurs poussent l’utilisation des produits biosourcés dans la formulation des détergents de produits ménagers et d’hygiène industrielle. La demande croissante des consommateurs et professionnels pour les produits à faible risque sanitaire et environnemental. La volonté des industriels d’élever la part de carbone renouvelable dans leurs produits pour intégrer l’économie circulaire », Valérie Lucas, Déléguée Générale AFISE.
« Avec Christophe Aufrère (Faurecia), Frédéric Gauchet (Minafin), Johei Takimoto (Mitsubishi) et Marcel Lubben (Reverdia) auprès de qui je suis intervenu, nous avons donné une vision concrète de l’approche des entreprises vis-à-vis des produits biosourcés. Ils intègrent les stratégies développement durable dans la mesure où ils peuvent apporter des fonctionnalités uniques ou représenter un avantage concurrentiel. Avec ses pôles de compétitivité et le Crédit Impôt Recherche, la France est une place forte de la recherche. Reste à prendre en compte la réalité économique pour créer de la compétitivité et à favoriser l’industrialisation de l’innovation », Pascal Juéry, Président de l’UIC, intervenant à la conférence plénière sur l’environnement économique des produits biosourcés.
« Pour garantir la compétitivité de la filière Chimie du Végétal et de la France dans ce domaine, l’accélération de la dynamique de recherche et d’innovation est indispensable. Il faut également favoriser l’industrialisation des solutions nouvelles sur notre territoire », Francois Monnet, Président de l’ACDV.
« Le mouvement est naissant et est porté par la demande des sociétés manufacturières. Quand les sociétés diminuent les risques, les investisseurs ont confiance », Dominique Debecker (Deputy Chief Sustainability Officer, SOLVAY), animateur de la conférence sur l’impact de l’approvisionnement en produits biosourcés dans une stratégie durable.